C’est officiel, je reste à Taïwan
Lundi 14 juin 2021
C’est officiel : on reste à Taïwan. Après Amandine, c’est moi qui ai trouvé un job à plein temps dans le domaine que j’aime. Et je commence demain. Pour être honnête, je n’ai jamais eu autant d’opportunités que depuis que je suis à Taïwan.
Quand on est dans un domaine créatif, on passe tous par une période de doute où on ne nous prend pas vraiment au sérieux. Des gens qui nous rabâchent « il faut que tu trouves un (vrai) travail », « c’est pas ça la vraie vie », et j’en passe. Des « j’ai pas d’argent mais je partagerai ton travail ». Des projets bénévoles où on nous dit à peine merci, parce qu’il nous faut de l’expérience et un portfolio. Si vous êtes dans un milieu créatif, vous savez forcément de quoi je parle. Ici, on me prend vraiment au sérieux et ça fait du bien — mes compétences ont également beaucoup évolué, bien sûr, tout n’arrive pas du jour au lendemain et on a rien sans rien ! Mais quand même, ça fait du bien.
Ces dernières semaines ont été éprouvantes car on doit rester enfermés ici (on est en alerte 3 à cause de la pandémie qui s’est immiscée sur l’île), des amis ont dû rentrer en France, on est dans une petite coloc avec des gens qu’on ne connaît pas, on se marche dessus et tout est fermé à l’extérieur. À part la balade du soir, qui n’a aucun autre but que marcher pour ne pas devenir fou, on ne fait plus rien. La même journée se répète en boucle depuis presque un mois, sans aucun espoir d’originalité pour le lendemain. On aurait déjà dû être partis d’ici, mais l’alerte covid retarde les démarches de déménagement. Du coup on part ce soir, dans un AirBNB de transition où on ne sera que tous les deux avec Amandine pour se ressourcer et repartir sur de bonnes bases pour mon nouveau job.
Je suis moins présent sur les réseaux car je veux accorder plus de temps à ma carrière qui se profile et parce que plus ça va, plus je trouve les réseaux sociaux anxiogènes. Mais je continue bien sûr les vidéos sur YouTube ! Pas mal de jolies choses en approche. L’avantage, c’est que maintenant que j’ai un travail à temps plein, je peux faire exactement ce que je veux et sans aucune pression sur YouTube, sans me soucier des vues, partages, likes et autres concepts qui gangrènent la vie des créateurs sur la plateforme. Les réseaux sociaux sont un outil de communication essentiel, mais je souhaite les utiliser moins, et surtout qu’ils soient moins présents dans ma vie.
J’ai eu trente ans la semaine dernière, je commence un nouveau travail et je vais déménager avec ma chérie. Je n’aurai jamais pensé entrer dans la trentaine en quarantaine. Au moins je m’en souviendrai ! Prochaine bonne nouvelle, parce que l’espoir fait vivre : un allègement des restrictions covid ?
Si vous avez tout lu, merci, parce que si être pris au sérieux dans un domaine créatif est essentiel, le soutien des gens qui apprécient notre travail l’est tout autant, et je suis conscient de ça. À très vite en photo, en vidéo ou même en live !
Rodolphe
Jiufen, le village d’or de Taïwan
Situé à environ 1h30 de Taipei, Jiufen est un village faisant partie de la région de Ruifang, au nord de Taïwan. Il s’est développé économiquement à partir des années 1890 grâce à la découverte de mines d’or, créant une véritable « ruée vers l’or » qui s’essouffle petit à petit après la Seconde Guerre Mondiale jusqu’à la fin des activités dans les années 1970.
Peu à peu oublié, Jiufen doit son regain de popularité au cinéma, et bien que beaucoup de gens fassent référence au Voyage de Chihiro, un très célèbre film d’animation de Hayao Miyazaki, qui s’est certes grandement inspiré du village dans la création de son œuvre, c’est surtout un film hongkongo-taïwanais qui va (re)faire découvrir Jiufen au grand public : la Cité des Douleurs de Hou Hsiao-Hsien. Sorti en 1989, le film aborde explicitement une période très compliquée de l’histoire taïwanaise : la Terreur Blanche.
Après le départ des colons japonais qui ont occupé l’île de 1895 à 1945, la population de Taïwan se soulève contre le gouvernement en place — le Kuomintang, parti nationaliste chinois, en 1947 suite à un accident, le massacre 228 (228 faisant référence au début du triste mouvement, le 28 février). La terreur durera 38 ans et aura des conséquences terribles sur l’île jusqu’à la fin des hostilités, en 1987. Le film de Hsiao-Hsien va alors faire grand bruit deux ans plus tard et, comme le tournage a lieu à Jiufen, il va attirer les projecteurs sur le village.
Sur les traces de Chihiro
Nous avons passé trois nuits sur place avec Amandine pour profiter pleinement du lieu. Heureusement pour nous, car il a plu à torrents et sans arrêt les deux derniers jours ! Le côté positif dans tout ça, c’est qu’entre la météo et la pandémie du covid, nous avons eu la chance d’admirer Jiufen vidé de touristes dans une brume mystique, et c’était une expérience inoubliable.
La magie opère réellement une fois la nuit tombée. Les lanternes traditionnelles s’allument et teintent tout le paysage d’un léger rouge. Avec la pluie, les lumières se reflètent dans les flaques qui jonchent le sol des vieilles ruelles pavées. Sur Jishan Street, la rue principale, on se sent enveloppé dans une agréable atmosphère qui paraît hors du temps. Les commerçants nous font des gestes pour que l’on goûte leur thé ou leurs sucreries, de nombreuses odeurs viennent taquiner nos narines (le « tofu puant », notamment, un plaisir celui-là)… Bref, l’expérience est unique et toutes ces lumières, cette architecture… c’est un véritable voyage visuel, auditif et olfactif !
Comment se rendre à Jiufen ?
Pour accéder au village, vous pouvez prendre le train de Taipei jusqu’à la gare de Ruifang. En arrivant, vous n’aurez aucun mal à trouver un taxi car ils vous attendent de pied ferme. Un prix est fixé pour aller de la gare à la vieille rue du village : 205NTD, soit environ 6 euros pour une course d’une vingtaine de minutes. Vous avez également un bus si vous préférez, mais vu le coût du taxi et la popularité de l’endroit, le voyage en taxi se présente comme une valeur sûre. Si le cœur vous en dit vous pouvez également aller de Ruifang à Jiufen à pied : c’est une bonne heure de marche qui vous attend et il ne faut pas oublier qu’on est en montagne, ça monte ! Mais vous aurez l’opportunité de vous arrêter en cours de route pour faire un détour par le temple Jinshan, situé en contrebas.
QUE FAIRE À JIUFEN ?
Bien sûr, admirer le village et prendre des photos est une évidence. Mais la rue principale regorge de restaurants et autres boutiques de sucreries traditionnelles ! Voici quelques recommandations personnelles (cliquez sur les noms pour les découvrir !) :
Un restaurant de nouilles réputé à Jiufen, peu cher, très bon et personnel très sympathique !
Un petit café à l’ambiance agréable et décontractée pour profiter de la vue. Un peu onéreux par rapport aux prix à Taïwan.
Un fabricant de crêpes à la cacahuète râpée et coriandre avec deux boules de glace très célèbre à Jiufen. La coriandre ajoute une touche de fraîcheur surprenante !
Une maison de thé traditionnelle dans une vieille bâtisse proposant thés, plats et saké local.
Quoi qu’il en soit, je n’ai aucun doute sur le fait que vous allez trouver des restaurants à votre goût ! Il y en a tellement que nous n’avons pas pu tous les essayer, c’est pour dire. Et si vous avez le courage, il y a du tofu puant à différents endroits. Pour le trouver c’est très simple, fiez-vous à votre nez !
Où dormir à Jiufen ?
Une seule journée peut suffire à faire le tour du village. Si vous n’avez pas beaucoup de temps devant vous, essayez de privilégier une journée en semaine pour éviter la masse de touristes et restez jusque 21 heures environ, afin de bien profiter de l’ambiance nocturne du lieu. Si vous avez l’occasion de passer ne serait-ce qu’une nuit sur place, je vous le conseille ! C’est l’idéal pour flâner et ne pas se sentir pressé par le temps. Regarder constamment l’heure qu’il est lorsqu’on est pressé risque de gâcher l’immersion. Pour dormir sur place, il existe de nombreuses options, même si vous risquez de payer plus cher étant donné la popularité du lieu. Je vous conseille le « Bed & Breakfast » dans lequel nous avons séjourné, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord les propriétaires, un petit couple de grand-parents, sont adorables ! Mon chinois est encore très limité et j’ai été frustré de ne pas pouvoir réellement échanger avec eux, mais ils ont été d’une extrême bienveillance. Ensuite, pour le lieu en lui-même, on est directement chez l’habitant, dans une vieille maison taïwanaise à flanc de montagne. L’immersion est complète, et on a vraiment l’impression de faire partie du décor l’espace de quelques jours… Voici le lien vers ce fameux Lin Yuan Village.
Pour faire de jolies photos, on trouve de nombreux spots sur place bien qu’ils aient en majorité déjà été rodés par les autres chasseurs d’images (mais les souvenirs restent personnels, eux !) Par exemple, la grande maison de thé traditionnelle qui se trouve sur Shuqi Road, une ruelle verticale en escaliers qui vient croiser Jishan Street est très prisée par les touristes armés de leurs smartphones. Et on comprend aisément pourquoi quand on arrive devant. C’est envoûtant !
Comme Jiufen se situe en hauteur et à flanc de montagne, on peut également admirer la vue une fois au bout de Jishan Street. Le panorama qui apparaît sous nous yeux laisse apercevoir la baie et de nombreux villages en contrebas, quelques temples et, à perte de vue à l’horizon, la Mer de Chine. Quoi de mieux pour faire une pause café dans l’un des petits établissements (bar, cafés, restaurants…) qui offrent une place de choix pour admirer la vue en profitant d’un chaleureux moment !
Si je devais recommander Jiufen à quelqu’un, je dirais que c’est un « no brainer » (une évidence, quoi). Autant dire que je vous le conseille les yeux fermés ! Si vous êtes de passage à Taipei, prenez une journée ou deux et allez y faire un saut. Même s’il n’y a plus d’or, le village n’en est pas moins précieux. Un seul côté négatif cependant : le monde. Bien qu’on ait eu la chance de profiter du lieu avec moins de touristes qu’en temps normal, lorsque la situation va se stabiliser, il est certain que Jiufen va se faire attaquer de nouveau. Alors encore une fois, évitez le week-end et les jours de fête nationale si vous le pouvez ! Pour tout le reste, je n’ai aucun doute : que vous ayez vu le Voyage de Chihiro ou non, vous allez adorer.
Pour terminer, voici une vidéo sur notre séjour à Jiufen pour compléter cet article !
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