Mes premières impressions à Taïwan
Taïwan, une destination surprenante
Cela fait déjà trois semaines que je suis sorti de l’hôtel quarantaine. C’est étonnant de voir à quel point cette période me paraît déjà loin derrière moi. Depuis, j’ai eu le temps de visiter différentes villes et villages du nord du pays avant d’arriver sur Taipei, la capitale. Comme l’hôtel quarantaine se situait à Wanli, dans la ville de Jinshan, située tout au nord de l’île, autant dire que j’étais dans la campagne taïwanaise !
Je dois avouer qu’arriver dans Taipei a été très surprenant pour moi. Je venais de passer trois semaines dans des coins reculés et j’avais décidé de ne pas trop faire de recherches sur la ville pour la découvrir avec un regard nouveau, je n’avais pas d’attentes particulières. J’ai appris au cours de mes différents voyages qu’il est important de ne pas avoir d’attentes et de ne pas trop se faire une idée d’un lieu tant que l’on ne l’a pas vu et expérimenté soi-même. La découverte n’en est que plus grande. De plus, les expériences et les ressentis sont propres à chacun et chaque personne a sa sensibilité. En tout cas, c’est mon avis. Bref.
Nous sommes donc aujourd’hui dans la capitale et notre hébergement se trouve dans le district de Zhongzheng, en plein centre-ville, à dix minutes à pieds de la gare de Taipei. C’est un quartier très animé, avec de grands centres commerciaux et de nombreux cafés, coiffeurs, friperies, etc… Je m’étais dit que je n’allais pas comparer Taipei aux autres villes que j’ai pu visiter en Asie, mais je trouve que c’est nécessaire tant il est clair que la capitale de Taïwan s’est développée en s’inspirant de ses voisins, particulièrement le Japon et la Corée du Sud.
Concernant le passif de Taïwan, il faut rappeler que les Japonais l’ont colonisé de 1895 à 1945. À la suite de la Guerre du Pacifique c’est le parti nationaliste chinois, le Kuomintang, qui s’est imposé comme gouvernement sans aucun partage sur l’île jusqu’en 1987. Le parti démocrate progressiste (PDP), fondé en septembre 1986, va alors apparaître dans le monde politique avec une véritable légitimité. Aujourd’hui et depuis 2016, c’est Tsai Ing-wen, membre de ce parti qui est la présidente sur place. Le PDP considère que Taïwan est un état souverain et, bien sûr, n’entretient pas des liens toujours très amicaux avec la Chine. On ne va pas parler de politique ici — déjà parce que je ne suis pas spécialiste, mais surtout car ce n’est pas le sujet, cependant il était important de planter le décor.
Quelles sont donc mes premières impressions sur Taïwan ?
Pour le moment je n’ai vu que le nord de l’île et je ne vais parler que de mon ressenti personnel. Tout d’abord, les Taïwanais sont des gens très accueillants et très chaleureux. Dans la grande majorité, ils sont souriants et vont toujours essayer de rendre la communication possible — je ne parle pas encore vraiment chinois aujourd’hui mais on arrive toujours à se débrouiller avec un mélange d’anglais, de quelques gestes et, aussi, un peu de mandarin. Ici on parle donc le mandarin (ou chinois, c’est la même chose) ainsi que le taïwanais, qui est une langue à part entière, et c’est le chinois traditionnel qui est utilisé à l’écrit.
Aujourd’hui Taïwan est une destination très prisée des touristes japonais, ce qui fait que le japonais est l’une des deux langues étrangères les plus parlées ici, avec l’anglais (c’est aussi sûrement par rapport aux raisons historiques évoquées un peu plus tôt mais aussi parce que Taïwan est très influencé, même aujourd’hui, par la culture japonaise). Maîtrisant ces deux langues, c’est un atout majeur pour moi dans la communication avec les locaux. Mais quoi qu’il en soit, si vous parlez quelques mots d’anglais, tous les jeunes seront contents de pratiquer avec vous ! Pour ce qui est du japonais, les personnes plus âgées seront plus susceptibles de le parler, étant donné les relations des deux pays par le passé. (ou peut-être aussi parce qu’ils gèrent des business avec pas mal de clients japonais) Tout ça fait que mon apprentissage du mandarin va être plus compliqué, dans le sens où je sais que je peux parfaitement m’en sortir sans le parler. Mais l’un des buts principaux de mon installation à Taïwan étant d’apprendre le chinois, je ne dois pas me reposer sur mes acquis !
En terme de paysages, on est sur un climat tropical dans un pays très montagneux et la nature est omniprésente partout. Quand le ciel est dégagé, on voit toujours les montagnes à l’horizon depuis Taipei, qui apportent une présence rassurante. Le côté tropical me fait un peu penser à Okinawa au Japon, avec une architecture plus « à la chinoise ». On se sent vraiment en Asie, notamment aussi grâce aux stands de street-food un peu partout et à cette bonne odeur d’encens qui émane des temples. (et aux milliers de scooters sur la route !)
Bref, Taïwan est un pays chaleureux et Taipei est une ville dans laquelle on se sent bien accueilli. La nourriture est variée et bon marché, le dépaysement est garanti et bien que la capitale n’a pas l’air immense, il y a énormément de choses à faire et de lieux à découvrir. Une très bonne entrée en matière, donc.
Taipei : une ville à mille facettes
La capitale taïwanaise possède une identité propre tout en s’inspirant beaucoup de grandes villes modernes voisines, telles que Tokyo ou Séoul. Taipei est en développement constant et de nombreux bâtiments sont en construction aux quatre coins de la ville. J’aime comparer cette ville à une personne qui voyage beaucoup : en ce faisant, elle découvre de nouvelles cultures et de nouveaux horizons, dont elle va s’approprier les côtés qu’elle va juger être bons. Ça permet de s’ouvrir l’esprit, d’être plus tolérant et plus conscient des différents mondes et cultures qui nous entourent. Taipei, c’est la ville qui suit ce modèle.
Juste à côté de notre hôtel se trouve la station de métro (MRT) de Zhongshan, où se situe une longue rue avec de nombreux coiffeurs, cafés, etc… qui rappelle le quartier de Hongdae à Séoul ou de Harajuku à Tokyo. À Ximen, un quartier jeune et animé de la capitale, on pourrait croire que l’on est de retour à Shibuya pendant quelques secondes. Et puis il y en a d’autres qui ont conservé une identité ancienne, qui rappellent plus la Chine, comme celui autour du temple Longshan, considéré comme étant le plus important du pays. Bref, je pourrais continuer et dire que dans certains quartiers les nombreux panneaux verticaux bardés de sinogrammes en néons rappellent les paysages urbains de Hong Kong, mais vous avez compris : Taipei est une ville avec de nombreux quartiers très différents les uns des autres, qui a sa propre identité tout en puisant une véritable inspiration chez ses voisins asiatiques.
En ce qui concerne les habitants, du moins de mon interprétation, je trouve qu’il y a un véritable fossé entre la jeune et l’ancienne génération. Il y a clairement deux mondes qui cohabitent sur place. Les anciens ont plus un côté « traditionnel chinois », et les jeunes sont plus axés mode et culture asiatique au sens large, avec des styles que l’on retrouverait dans les quartiers branchés de Tokyo ou de Séoul. (du moins dans la capitale) C’est un peu pareil pour les différents quartiers de Taipei, qui oscillent entre traditions locales, héritage chinois et modernisation récente. Dans certains autres quartiers, on retrouve cette culture chinoise qui ressort avec la street food, le côté « chaos organisé », etc… On reste vraiment dans cet aspect « influences marquées, avec une identité propre » qui fait le charme de la ville.
Pour ce qui est de la vie sur place, comme je le disais plus tôt on se sent accueilli et plutôt bien dans Taipei. Les gens — comme partout à Taïwan, d’ailleurs, sont très souriants et accueillants. Ils se débrouillent toujours en anglais pour faciliter la communication et on arrive toujours à se faire comprendre. Il y a bien sûr, comme partout ailleurs, des personnes mal-aimables, mais c’est relativement minoritaire et toutes les bonnes ondes ambiantes permettent de ne pas vraiment y prêter attention.
Taipei la nuit
S’il y a bien un moment de la journée où Taipei est mise en valeur, c’est à la nuit tombée. Lorsque le soleil commence à se coucher et que les lumières des quartiers commencent à s’allumer. Entre les marchés de nuit, les panneaux lumineux et autres néons que l’on retrouve partout, on est plongé dans une explosion de couleurs qui rendent la vie nocturne très chaleureuse. Le début de soirée est véritablement le moment que je préfère à Taipei.
C’est vrai que j’apprécie beaucoup ce côté très vivant de Taïwan. Les gens mangent souvent dehors, entre la street food des night markets et les terrasses parfois improvisées des restaurants, ce qui vient renforcer ce côté chaleureux. En plus de ça, il est courant de voir des petites mamies taïwanaises faire leur sport en musique dans différents parcs le soir, venant rajouter encore un peu de joie de vivre au paysage. Je crois que le terme qui représente le mieux Taïwan à mes yeux est vraiment celui-là : chaleureux.
Le bonus : la gestion du covid-19
En plus du côté chaleureux que j’ai mentionné ci-dessus, il faut avouer qu’un autre facteur vient rendre la vie sur place très agréable : la gestion de la pandémie de coronavirus. Étant donné que le gouvernement a pris des mesures radicales très tôt (frontières fermées et quarantaine de deux semaine pour toute personne arrivant sur le territoire, locaux et étrangers compris), Taïwan est un véritable exemple à suivre. Aujourd’hui, cela fait plus de 200 jours que le pays n’a recensé aucun nouveau cas de covid à l’échelle nationale. Les seuls cas recensés dernièrement sont des personnes en confinement qui ont dû se plier aux règles sanitaires et qui n’ont, de ce fait, pas pu sortir et contaminer d’autres personnes avant d’êtres prises en charge. Seulement sept personnes sont décédées à cause du virus depuis le début de la pandémie à Taïwan.
Les deux semaines de confinement imposées ne sont pas un véritable problème lorsque l’on sait qu’une fois sorti, on n’aura absolument aucune crainte d’être contaminé par ce virus qui fait tant parler de lui. Je dois reconnaître qu’ici, on ne parle même pas du covid. Il ne fait pas partie de notre réalité. Bien sûr, le masque est obligatoire dans les transports et dans certains lieux touristiques ou commerciaux ainsi que pour les personnes travaillant dans le service, mais globalement on vit sans penser au covid. C’est aux infos, dans les journaux, dans la rubrique « à l’étranger ». Pour illustrer cela, dites-vous que Taïwan est le pays dont l’économie a le moins souffert de la pandémie. Quand j’en parle à ma famille et à mes amis en France, ça paraît irréel.
Tout ça pour dire que pour l’instant, je me plais bien à Taïwan. Je dois travailler dur pour apprendre la langue et il me reste beaucoup de choses à découvrir, mais je suis sûr d’une chose : je pars sur des bonnes bases. J’ai vraiment hâte de voir ce que cette nouvelle aventure me réserve !